Un incident glaçant qui s’est produit à Melitopol, ville sous le joug des troupes russes, illustre parfaitement l’attitude des troupes de Poutine à l’égard des habitants des zones occupées… très loin de l’image de « libérateurs » qu’ils veulent se donner.

Un élève, ayant osé s’exprimer en ukrainien à l’école, a été brutalement enlevé par les autorités. Le jeune garçon, la tête recouverte d’un sac, a été transporté sur des dizaines de kilomètres jusqu’à une région isolée. Abandonné sur place, il a dû rentrer chez lui à pied, seul, en guise de punition. Les parents subissent également une pression intense. Menacés de détention, de lourdes amendes et même de perte de la garde de leurs enfants, ils sont contraints d’inscrire leurs enfants dans des écoles « russes » ou de les soumettre au programme d’enseignement ukrainien en ligne.

Une habitante de la région occupée de Zaporijia témoigne : « Ils vont de maison en maison pour vérifier ». Face à ces menaces, certains parents cachent leurs enfants pour échapper aux représailles. Human Rights Watch (HRW) a publié un rapport détaillé le jeudi 20 juin, exposant la russification forcée du système scolaire dans les territoires ukrainiens occupés. Ce document dévoile les violations des droits en matière d’éducation dans les régions de Kharkiv, Kherson, Zaporijia, Donetsk et Louhansk, encore sous occupation russe. Les experts estiment qu’environ un million d’enfants en âge scolaire vivent dans des territoires contrôlés par la Russie, dont 458 000 en Crimée.

À la rentrée scolaire 2023-2024, environ 80 000 de ces enfants suivaient le programme ukrainien en ligne, malgré les risques de représailles. Toutefois, l’éducation en ligne est difficile, les forces russes ayant coupé les fournisseurs de télécommunications non russes. Les écoles sous occupation russe font face à des conditions précaires : classes limitées, personnel insuffisant, et souvent absence d’électricité. HRW rapporte que des enseignants et parents témoignent des difficultés rencontrées.

Russification forcée

Le gouvernement russe met un point d’honneur à la rééducation des enfants ukrainiens, investissant 46 milliards de roubles (environ 490 millions d’euros) en 2024 pour l’« éducation patriotique ». Cela inclut 270 millions de roubles pour l’Armée de la jeunesse Iounarmia, une organisation visant à préparer les enfants à rejoindre l’armée et à diffuser la propagande anti-ukrainienne. Dans les écoles occupées, les programmes et la langue ukrainiens sont remplacés par leurs équivalents russes.

Les enfants sont soumis à une propagande intense : les manuels d’histoire dépeignent l’Ukraine comme un « État néonazi » et justifient l’invasion russe en la présentant comme une « opération spéciale de maintien de la paix  Les écoliers qui expriment leur opposition à l’occupation sont durement réprimés. À Melitopol, des manifestants ont été violemment frappés. Une enseignante, Hanna Bout, raconte que des manifestants, dont une jeune fille de moins de 18 ans, ont été sévèrement battus. Elle-même a fui vers l’ouest de l’Ukraine.

Une formation militaire a été introduite dans le programme scolaire, avec des cours paramilitaires. Des garçons sont formés à l’utilisation de fusils d’assaut et de grenades à main. Les écoles et camps d’été soumettent des enfants dès l’âge de 6 ans à un entraînement militaire. Les enseignants refusant de collaborer sont persécutés. Dans la région de Kharkiv, environ 15 000 enseignants ont vécu sous occupation et subi coercition, détention, mauvais traitements et coups pour être forcés à participer au système éducatif russe.

En Ukraine, la collaboration avec les autorités russes est punie. Les tribunaux ont rendu 1 168 verdicts pour collaboration, incluant des peines de prison et des interdictions de postes pour des directeurs d’école et autres personnels éducatifs. HRW appelle les autorités ukrainiennes à ne pas pénaliser les enseignants uniquement pour avoir dispensé l’enseignement selon le programme russe. HRW exhorte la Russie à cesser immédiatement ses tentatives de russification du système éducatif dans les territoires ukrainiens occupés.

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